Paola Paronetto a une façon si particulière de travailler la terre ... elle l'imprime du relief cannelé d'un carton, la plie, la tord ... et parvient ainsi à rendre l'âme gracile que ce matériau bourru et brun, peu enclin à la moindre élégance, dissimule si bien.
De ses mains italiennes surgissent alors des formes mi-quotidiennes mi-artistiques dont la poésie est une simple évidence.
Nous croirez-vous si l'on vous dit que la recherche obsessionnelle du juste équilibre mène à une certaine idée de la perfection ... et si l'on vous dit qu'effacer l'inutile et le superflu conduit nécessairement à la grâce ... et pourquoi le simple dessin d'une table ne pourrait pas vous subjuguer ?
Laissez-vous séduire par Hereenhuis Manufactuur !
Des temps d'urgence ne peuvent qu'émerger de belles idées ... LAO se situe tout juste à cette intersection bouillonnante entre design, métiers d'art et développement durable. LAO (Les Ateliers Ouverts) a germé de la rencontre de trois garçons qui courent les bois, des dessins plein la tête : Gaëtan Coulaud, Benoît Langlade et Ludovic Avenel. LAO est "un lieu d'expérimentation libre" ne fonctionnant que sur le mode de l'interrogation permanente de l'objet et de son usage à venir afin d'apporter une réponse esthétique, poétique et technique dans le respect des nouvelles normes environnementales.Question : comment mettre la nature à portée de main des citadins et de tous ceux qui ne peuvent s'accroupir pour cultiver leur jardin ? Réponse : une table-potagère, "une parcelle de jardin accessible à tous". Question : comment créer à partir d'un matériau qui respecte les impératifs du développement durable ? Réponse : le Robinier, cet acacia qui pousse pousse pousse, ne se lasse jamais de pousser dans les jardins, les sous-bois et le bois, est un bois imputrescible Zéro Carbone (PEFC).
Table potagère à retrouver sur le site Les Ateliers Ouverts
A la façon de ses femmes si altières, au port de tête magnifique, que l'on prend plaisir à admirer de profil ... à la façon d'un trait, réduit à l'essentiel, mais qui porte en ses gênes le parfait équilibre ... à la façon de l'empreinte de son corps laissée dans la neige alpine, Reno Bonzon a dessiné Gaivota il y a deux décennies de cela. Né de la fusion entre ergonomie et esthétisme, ce rocking-chair pose un réel dilemme : apprécier contemplativement ses lignes profilées ou apprécier immodérément, du fond de son assise, la souplesse de ses lignes lamellées collées ... Pour ma part, c'est son profil qui m'a séduite et je ne saurais le regarder de face !
A l'origine il y avait cette Chaise Rouge et Bleue, avant-gardiste, dessinée en 1918 par l'ébéniste néerlandais Gerrit Rietveld, dans la veine de l'amitié qui liait le designer au peintre Mondrian.
Et puis il y a eu le Droog Design, un collectif néerlandais de désigners qui, depuis 1993, poussent leurs créations jusqu'aux limites de l'humour en prenant soin d'utiliser les ressources dans la plus stricte économie (mais nous reviendrons sur ce sujet), en veillant à exploiter les matériaux récupérés ... jusque dans les coffres à jouets de leurs enfants !C'est ainsi que fut éditée la Red Blue Lego Chair, limitée à 5 exemplaires, construite en grande partie à partir de pièces de Lego.
Les enfants, planquez vos jouets les designers complètement Droog arrivent ! A découvrir sur le site www.droog.com
Des visuels qui se télescopent pour créer une rencontre fortuite entre une artiste, un photographe et une designer espagnole a(ci)dulée.
Hampton Chair
Un fauteuil en red cedar, aux lignes inspirées de celles de ses cousins américains.
Un fauteuil massif qui semble avoir été dessiné pour traverser les générations.
Un fauteuil d’extérieur dessiné par Eric Jourdan.
« Dans un projet, ce qui est intéressant c’est de garder l’esprit du premier dessin que l’on fait »
Diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Saint-Etienne et de l’ENSA de Paris, il est entrain de laisser avec simplicité son empreinte dans le design français : tout commence au début des années 90 avec la Galerie Neotu, la fondation Cartier, le VIA, Ecart International, Ligne Roset, Daum … et plus récemment avec Domeau & Pérès.
Occupant la première chaire de design à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, il avoue sa passion pour la signalétique et le mobilier édité en grand nombre … tiens ! ... d’où ce style épuré et précis.
Hampton Chair est à retrouver sur le site www.domeauperes.com/store/
Sous toutes les latitudes, dans toutes les contrées les plus reculées ou les plus intimes, le livre est à l'honneur ... !De Paris ...
aux USA ...
"Oh, the Farmer and the Cowman Should Be Friends", bibliothèque monumentale de Ron Arad éditée en 6 exemplairesen passant par nos petits mondes ...
la Bibliochaise dessinée par Alisée Matta et Giovanni Gennari du label Nobody & CoSans commentaire.
Richard Woods a un drôle de talent. De son patronyme, il en a fait une source d’inspiration intarissable qui joue la carte du faux-bois, du trompe l’œil et de l’humour (niveau seconde branche).
Maison au fond des bois : Daisy House – New York – 2007
Commode, bibliothèque et autres meubles : Wrongwoods – design collaboration with Sebastian Wrong for Established & Sons
Plancher : Logo n°1 – Zwemmer Gallery – London – 2000
Défrichant avec avidité, sa créativité ne connaît pas de limite … pas même celle du bois.
(www.richardwoodsstudio.com)
«The results display Le Moigne’s sophisticated understanding of, and capacity for, complexity and contrats – seemingly soft, yet, rigid ; industrialised yet handmade ; refined yet organic ».
Texte emprunté à la très anglaise Gallery Libby Sellers qui fut à l’origine des 12 Slip Stools, des tabourets en édition limitée conçus par Nicolas Le Moigne (jeune designer suisse très inventif qui a créé le bec verseur "RE-think+RE-cycle" primé en 2005 : un bec qui s'emboîte sur toutes les bouteilles en plastique et leur donne une seconde vie).
Des tabourets à l’état brut, en béton, qui seront exposés à la Galerie Next Level à Paris à partir du 25 juin 2009.
Design dérangeant ou envie de mettre à mal notre petit confort ? il faut s’asseoir pour le savoir !
A ce matériau déshumanisé, il lui a donné ses lettres de noblesse. Du béton décrié, il en a fait un mode d’expression.
En imaginant Taporo (www.taporo.com) en 2006, Philippe Tissot a ouvert les portes d’un atelier parisien où viennent s’exprimer designers et artistes autour d’un même sujet : le béton.
Non pas ce béton gris et rugueux, mais un béton allégé aux multiples formes, aux multiples teintes, aux surfaces infiniment douces à force d’être polies, à l’aspect tantôt mat tantôt brillant, pour l’intérieur comme pour l’extérieur. Un béton qui se prête au jeu des ressemblances et peut aller jusqu'à imiter la peau du crocodile, le bois ou le marbre.
(Panneau de béton à la façon d'un cuir repoussé)
Un béton qui, a force d’en avoir vue de toutes les couleurs à la cité des 4.000, se paie désormais le luxe du sur-mesure pour des créations uniques, à l’esprit minéral et à l’allure sophistiquée.
Table "La Prouvé" en béton blanc immaculé.
Rares sont les femmes qui se passionnent pour le béton ! Celle-ci ne ressemble en rien à un maçon. Elle s’appelle Alexa Lixfeld (www.alexalixfeld.com) et étudie toutes les expressions de cette matière pour le moins masculine : le béton. Elle utilise cette « matière grise » comme une alternative à la céramique pour façonner un nouvel art de la table ou imaginer des flacons pour des fragrances délicates. Elle s’inspire de la « brutalité » de cette matière pour inventer une nouvelle forme d’expression de la céramique, plus masculine. Elle ouvre la voie à de nouvelles techniques en conciliant les contraires : les arts de la table, le béton et le Wajima-nuri (une technique japonaise particulière pour la pose de la laque qui remonte au XIVème siècle). Laissez-vous couler dans le béton. Coupe à fruits Circle en béton
Ricebowls en porcelaine épaisse
Creacrete™
Comme une alternative à notre vision occidentale, Kenneth Cobonpue (www.kennethcobonpue.com) fait partie de ces jeunes designers de l'autre bout du monde qui concilient avec intelligence la modernité du design, l’utilisation de matériaux naturels et un savoir-faire local qui ne manque pas d’inventivité.
Installé aux Philippines depuis 1996 après avoir sillonné le monde pour parfaire ses études et sa connaissance des techniques, il est devenu un des designers en vogue dont le travail est salué par la critique internationale : Tom Dixon le retient pour l’édition 2004 du International Design Yearbook, en 2005 ce fut le tour de Marcel Wanders de remarquer son travail.
De ses créations, l’on a envie de retenir les formes sensuelles et les matières qui se nouent, se tissent, se lient, s’entrecroisent.
Et puisque l’envie de sable et de sieste se fait de plus en plus pressante, pourquoi ne pas faire un focus sur Lolah : des lianes de Rattan assemblées grâce à une technique identique à celle utilisée pour construire les bateaux de Cebu qui permet d’obtenir ces lignes douces et sensuelles.
C’est de la juxtaposition des couleurs, de la similitude des situations ou du sentiment d’un déjà-vécu que surgit la rencontre fortuite.
Celle-ci est née sous le signe de Google, entre un photographe américain découvert sur Flickr, Todd S. Klassy , et un designer espagnol omniprésent sur la toile, Patricia Urquiola. Elle dessine pour les plus grands éditeurs, elle imagine des intérieurs et une partie de ses œuvres inventives est aujourd’hui présente au MoMA. Fulgurante et brillante réussite. Lui, en plus du plaisir qu'il nous procure en feuilletant ses albums, a une passion folle pour son pays de clichés et d'imprévus, pour sa force et sa simplicité.
Mais revenons à cette rencontre visuelle : des couleurs tranchantes, un design juste ce qu’il faut de désuet, des mises en situation qui ne manquent pas de points communs. Seule différence entre ces deux chaises : l’une a perdu son nom (et c'est bien dommage), l’autre à un nom « Re-Trouvé » (oui je sais, c’est facile !) et elle est éditée chez EMU.
Est-ce le dernier bracelet d’argent signé Dihn Van ?
Un nouveau sigle numérique ?
Une variation de l’infini version 21ème siècle ?
Rien de tout cela. C’est une chaise ! C’est la @ Chair !
Dessinée par Brodie Neill (www.brodieneill.com), la @ Chair illustre superbement le travail de ce tout jeune designer australien (à peine 30 ans) qui a débuté ses classes en Tasmanie : une esthétique qui fusionne fluidité des formes et technologies de pointe.
Présentée en 2007 au London Design Festival et en 2008 à la New York Design Week, la @ Chair a aussitôt été repérée par le Time Magazine pour son classement 2008 des designs les plus influents.
En fibres de carbone et en chrome, elle a déjà tout d’une grande !
France / Brésil (2ème mi-temps)
Terra plus si incognita où l’exubérance règne en maîtresse-femme. Immense pays aux gigantesques contrastes. Humberto et Fernando Campana sont les enfants de cette terre.
Créateurs adulés qui mêlent les techniques artisanales et industrielles, les matières, les couleurs dans leur atelier de Sao Paulo. Designers peu conformistes flirtant avec l’art contemporain.
Harumaki Chair (2004-2005)
Deux frères aux portes de « l’anarchie » (dixit Fernando Campana) aujourd’hui courtisés par les « grands » de ce monde : Lacoste, Bernardaud …
Après les avoir décriés, le Vieux Continent les accueille. Cette année sera donc la leur avec une rétrospective au Vitra Design Museum (www.design-museum.de) : « Anticorps. Travaux de Fernando et Humberto Campana réalisés entre 1989 et 2009 » du 16.05.2009 au 28.02.2010.
Et pour tous ceux qui veulent en savoir un peu plus sur ces
Enfants Terribles, allez-vous promener sur leur site (www.campanas.com.br/) … vous en
reviendrez tout régénérés !
Remerciements : AD et Cédric Morisset pour nous avoir montrés la voie.
Faites de corde de linge en plastique, ces chaises-là (http://www.20th.ch) ont fait le bonheur des cuisines et autres vérandas des années 60 et 70 (et le malheur de nos cuisses enfantines toutes striées).
A l’heure où ferment les hauts fourneaux, le recyclage du métal devrait avoir de beaux jours devant lui. C’est tout du moins le pari de PO!Paris (www.po-paris.com).
Vous connaissez sans doute ces DS, Coccinelles et autres modèles réduits en boites de conserve et tonneaux de récupération. Et bien, depuis un peu plus d’un an et avec beaucoup d'audace, les créateurs de PO!Paris appliquent cette technique aux grands noms du design : les lignes mythiques d'Arno Jacobsen ont été découpées au chalumeau, martelées, ciselées, vissées par des artisans albanais pour se transformer en chaises, fauteuils, luminaires de métal qui ne manquent pas d’humour !
(photo empruntée au site de la Galerie Sentou)
The
Milingonë Chair by PO!Paris
Une autre façon d’avoir des fessiers d’acier avant l’été …
Quels liens entre un artiste néerlandais et un jeune
designer espagnol ? Peut être une certaine conception abstraite des
couleurs qui se heurtent, se confrontent, se rencontrent, s’enrichissent.
Krijn de Koning (www.krijndekoning.nl) s’amuse à déstructurer / restructurer l’espace en une succession d’espaces hyper colorés invitant ainsi chacun à se perdre dans un dédale de lignes fragmentées pour mieux réinventer les lieux au fil de ses pas.
(1999 - Centraal Museum Utrecht – installation permanente)
(1999 - Centraal Museum Utrecht – installation permanente)
De son côté, Cristian Zuzunaga (www.cristianzuzunaga.com) bouleverse une certaine conception du textile et métamorphose chaque centimètre carré en une explosion chromatique qui invite à porter un regard neuf sur l’objet. Preuve en est avec le canapé Springfield dessiné pour Moroso, ou bien encore avec cette expérience abstraite présentée lors de Maison & Objets de janvier 2009.
(Moroso - Springfield Sofa by Cristian Zuzunaga)
Par leur conception abstraite, numérique de la couleur, tous deux reconstruisent l’espace, l’objet, la matière … et nous font perdre la tête !
